Lorsqu’un fonds de commerce est cédé, il comprend généralement les éléments incorporels (clientèle, enseigne, droit au bail, etc.) et parfois des éléments corporels (mobilier, matériel, équipements). Mais le stock de marchandises, lui, est juridiquement et comptablement distinct. Il ne fait pas automatiquement partie du périmètre de cession : il doit être vendu séparément, à sa valeur réelle, sur la base d’un inventaire daté.
Cela permet d’éviter toute confusion sur sa valorisation et d’en assurer une comptabilisation fidèle, tant pour le cédant que pour l’acquéreur.
Ce traitement séparé répond à plusieurs logiques :
Dans l’acte de cession, il est impératif de faire figurer une ligne distincte pour la vente du stock, avec mention de son montant, de la date de l’inventaire, et éventuellement des modalités de règlement.
Comptablement, cette distinction implique un double enregistrement :
Cela permet aussi d’anticiper correctement les impacts sur le résultat, notamment la variation de stock, et les flux de TVA collectée, évitant ainsi tout risque de redressement.
Le premier réflexe comptable consiste à retirer le stock du bilan. Il ne s’agit pas d’un simple transfert d’actif, mais bien d’une vente, avec reconnaissance d’un produit. Le compte de stock (classe 3, généralement 370000 pour les marchandises) est crédité pour sa valeur comptable, et un compte de charge (6037xx – Variation de stock) est débité à due concurrence.
Écriture comptable :
Débit 6037xx – Variation de stock (valeur d’achat du stock vendu)
Crédit 370xxx – Stock de marchandises
Cette étape permet de constater la sortie physique et économique du stock du patrimoine de l’entreprise.
Ensuite, la vente elle-même est enregistrée comme une vente de marchandises. C’est une opération courante pour l’entreprise, même si elle a lieu dans le contexte d’une cession globale. Le produit est inscrit dans le compte 707 « Ventes de marchandises » (ou équivalent selon la nature du stock).
Si le vendeur est assujetti à la TVA, celle-ci doit être constatée au taux applicable.
Écriture comptable :
Débit 411xxx – Client (prix TTC)
Crédit 707xxx – Ventes de marchandises (prix HT)
Crédit 4457xx – TVA collectée
Le compte client utilisé peut être un sous-compte spécifique ouvert pour l’acquéreur du fonds.
Contrairement à la cession du fonds de commerce (qui peut bénéficier d’un régime de faveur), la vente du stock est considérée comme une vente de marchandises classique. Toute différence entre le prix de cession et la valeur comptable du stock constitue un produit imposable.
⚠️ Aucun abattement ni régime spécifique ne s’applique à cette partie de l’opération.
Alors que la cession du fonds dans son ensemble peut être exonérée de TVA (sous certaines conditions), la vente du stock y reste assujettie, sauf cas très particulier. Il faut donc :
Sur le plan juridique et fiscal, la cession du stock ne doit pas être confondue avec celle du fonds de commerce. Cette séparation permet :
Il est donc recommandé de mentionner explicitement, dans l’acte de cession, le prix du stock à part, avec inventaire à l’appui.
La cession du fonds de commerce porte sur les éléments incorporels (clientèle, enseigne, nom commercial…) et corporels (matériel, mobilier) qui composent l’activité. Le stock, quant à lui, est constitué des marchandises détenues pour être vendues.
Il n’est pas juridiquement intégré au fonds : il fait l’objet d’un acte distinct ou d’une clause séparée dans l’acte de cession, avec une valorisation propre.
Oui. La vente du stock génère un produit d’exploitation, et non une plus-value professionnelle. Il est donc imposé comme un revenu courant, dans la catégorie des BIC (ou à l’IS si société).
La différence entre le prix de vente et la valeur comptable du stock vient impacter directement le résultat de l’exercice.
Oui, c’est possible. Le vendeur peut décider de liquider son stock en amont de la cession ou de le conserver pour un autre usage (exploitation résiduelle, transfert à une autre structure).
Mais dans la pratique, l’acheteur souhaite souvent reprendre le stock pour assurer la continuité commerciale. Une négociation est donc fréquente pour en fixer la valeur.
Non. Fiscalement et comptablement, il est déconseillé d’intégrer le stock dans le prix global du fonds.
Cela rend floue la ventilation entre éléments soumis à régimes fiscaux différents (plus-values, revenus courants, TVA) et augmente le risque de requalification ou de litige.
Le bon réflexe : le mentionner distinctement dans l’acte avec une valorisation autonome.
Une mauvaise ventilation (stock confondu avec le fonds ou mal évalué) peut entraîner :
👉 Pour éviter cela, mieux vaut documenter précisément la valeur du stock, conserver un inventaire daté, et faire relire l’acte par un professionnel.
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