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La clause de non-concurrence dans un contrat commercial

Dans un environnement concurrentiel, il est souvent nécessaire de protéger les intérêts économiques d’une entreprise lorsqu’elle noue un partenariat commercial, une distribution exclusive ou un contrat de prestation.

La clause de non-concurrence dans un contrat commercial : encadrement, modèles et alternatives

Dans un environnement concurrentiel, il est souvent nécessaire de protéger les intérêts économiques d’une entreprise lorsqu’elle noue un partenariat commercial, une distribution exclusive ou un contrat de prestation. La clause de non-concurrence est l’un des outils contractuels permettant de prévenir un risque de concurrence déloyale. Elle encadre la liberté d’entreprendre de l’un des cocontractants, à condition de respecter certaines règles strictes.

Qu’est-ce qu’une clause de non-concurrence commerciale ?

La clause de non-concurrence interdit à l’une des parties d’exercer, pendant ou après le contrat, une activité concurrente à celle de l’autre. Elle est fréquente dans les contrats de distribution, de prestation de services, d’agent commercial ou de franchise.

Elle vise à protéger :

  • une clientèle ou un savoir-faire stratégique,
  • des informations confidentielles,
  • des investissements réalisés dans le cadre du partenariat.

Elle peut s’appliquer pendant le contrat ou après sa cessation, selon ce qui est négocié.

Exemple-type de clause de non-concurrence commerciale

Clause de non-concurrence
Le cocontractant [Nom ou Raison sociale] s’engage, pendant toute la durée du présent contrat et pour une période de [ex : 12 mois] à compter de sa cessation, à ne pas exercer directement ou indirectement une activité concurrente à celle de [Votre société], sur le territoire suivant : [préciser la zone].
Cette interdiction inclut toute activité susceptible de porter atteinte aux intérêts économiques de [Votre société], notamment en reprenant tout ou partie de sa clientèle, ses fournisseurs ou ses savoir-faire.
Cette clause est justifiée par l’accès à des informations sensibles telles que [stratégie commerciale, fichiers clients, méthodes internes].
En cas de manquement, [Votre société] se réserve le droit de solliciter réparation du préjudice subi, y compris en référé.

Conditions de validité juridique d’une clause de non-concurrence

Pour être valable, la clause doit répondre à cinq conditions cumulatives :

1. Limitation dans le temps

La durée doit être déterminée et raisonnable. En général :

  • 6 à 24 mois sont considérés comme acceptables,
  • au-delà, la clause risque d’être annulée pour excès.

2. Limitation géographique

La zone doit être précise et proportionnée à l’activité protégée :

  • un rayon autour d’un point de vente,
  • une zone géographique d’activité effective,
  • ou un territoire contractuellement exploité.

Une clause nationale ou mondiale est souvent jugée excessive.

3. Activité clairement définie

Il faut préciser les activités interdites avec clarté :

  • éviter les formulations vagues comme "toute activité similaire",
  • préférer : "commercialisation de produits X", "consulting en stratégie Y", etc.

4. Intérêt légitime

L’entreprise doit démontrer que la clause est nécessaire pour :

  • protéger un savoir-faire,
  • préserver sa clientèle,
  • éviter un préjudice économique.

5. Proportionnalité

La clause ne doit pas empêcher la personne d’exercer toute activité.
Elle doit laisser ouverte une alternative raisonnable pour travailler dans un domaine connexe.

💡 Bon à savoir : la contrepartie financière n’est pas obligatoire en droit commercial, contrairement au droit du travail. Mais elle peut être prévue pour renforcer la solidité de la clause.

Alternatives à la clause de non-concurrence (moins restrictives)

Dans certains cas, une clause de non-concurrence peut s’avérer trop contraignante ou risquée juridiquement. Voici les principales alternatives utilisées en pratique :

1. Clause de non-sollicitation

Interdit de solliciter les clients, fournisseurs ou salariés de l’autre partie.
👉 Moins large, mais protège l’essentiel.

2. Clause de confidentialité

Protège les informations sensibles (fichiers clients, méthodes, tarifs…).
👉 Peut être illimitée dans le temps si justifiée.

3. Clause de non-débauchage

Interdit de recruter les salariés de l’autre partie pendant une durée définie.
👉 Fréquente dans les contrats de sous-traitance.

4. Clause d’exclusivité partielle

Permet de réserver un segment d’activité ou un client stratégique, sans interdire toute concurrence.
👉 Idéale dans les relations fournisseurs/distributeurs.

Jurisprudence et équilibre contractuel

La jurisprudence commerciale impose un contrôle strict sur les clauses de non-concurrence trop larges.

Par exemple :

  • une clause interdisant toute activité en France pendant 5 ans a été jugée nulle,
  • une clause interdisant une activité dans la même ville pendant 12 mois a été validée.

🔎 En cas de litige, les juges apprécient toujours :

  • l’équilibre entre les parties,
  • la liberté d’entreprendre,
  • et la protection des intérêts économiques réellement en jeu.

En résumé : les bonnes pratiques pour rédiger une clause de non-concurrence commerciale

✅ Précisez la durée (12 mois max conseillé),
✅ Délimitez une zone cohérente (locale ou régionale),
✅ Ciblez une activité précise,
✅ Justifiez l’intérêt légitime,
✅ Évitez les clauses trop larges et prévoyez une alternative (non-sollicitation, confidentialité…).

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