Encore aujourd'hui, les nouveaux Avocats prononcent leur prestation de serment qui se présente sous cette forme (sic) :
Je jure d'exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité.
Cet engagement qui remonte dans le temps trouve-t-il encore sa place ?
À une époque récente, les Avocats se voulaient généralistes, c'était encore le cas à la fin du siècle dernier.
Depuis, les spécialisations, déjà existantes, se sont imposées que ce soit en droit public, droit pénal, droit de la famille, droit de l'immobilier, droit de la propriété intellectuelle, droit social, droit fiscal, droit social, droit des sociétés, etc.
Des spécialisations encore plus pointues se sont faites jour comme le droit de la construction, le droit des transports, le droit du numérique, le droit du sport, le droit associatif, etc.
La Médiation exercée primitivement par des professionnels psychologues sans bagage juridique est venue, depuis, compléter la panoplie possible d'exercice de la profession d'Avocat.
Toutes les spécialisations se sont imposées très rapidement et naturellement.
Naturellement, si l'on peut dire, car poussée par l'évolution de la complexité des relations sociales et humaines, de la Société civile, de l'individu qui y cherche sa place, sans vraiment complètement et définitivement la trouver, pour ce dernier ayant la fâcheuse sensation de glisser sur une planche qu'il trouve régulièrement savonnée.
La relation sociale, parlons-en, elle est sensible et symptomatique. Elle est devenue compliquée mais nous devrions dire stratégique ; chacun souhaitant avoir le dessus sur son voisin. Les Tribunaux en souffrent.
Des décrets ont été publiés, en dernier lieu celui 2025-660 du 18/07/2025 sur la réforme de l'instruction conventionnelle et la recodification des modes amiables de résolution des différends.
Il était temps. L'Avocat peut organiser sa procédure contentieuse et utiliser le service du Juge en fonction du besoin de son dossier. L'Avocat devient le véritable maître de sa procédure, il satisfait pleinement à sa qualité d'Auxiliaire de la Justice si tenté qu'à un moment passé il ait pu être envisagé qu'il soit mis de côté, à tout le moins considéré non essentiel. Ce n'est plus le cas.
Les Avocats l'ont bien compris. Mais si cela est vrai dans les diverses disciplines du droit, il n'en est pas de même dans celle appelée du droit des affaires.
Mais qui sont ces Avocats spécialisés dans le droit des affaires. Nous les trouvons souvent adossés à des Cabinets comptables ou d'expertise comptable. Certains diraient en croupe. Ils n'ont pas vocation à fréquenter les Tribunaux pour y défendre les clients sur les dossiers desquels ils travaillent. Ils sont restés dans la tradition du Conseil juridique, rédacteur des conventions dictées par leurs partenaires comptables.
En effet, la profession de Conseil juridique est née en 1971 avec la Loi 71-1130 réglementant la profession de Conseil juridique.
Cette naissance était issue d'une demande de l'ordre des Experts comptables dont la reconnaissance, pour lui-même, remontait à l'Ordonnance 45-2138 de 1945 réglementant cette profession.
Les Experts comptables s'étaient plaints de ce qu'à leurs côtés ils ne pouvaient trouver des Juristes, les professions de Notaire et d'Avocat ayant décliné l'offre de service.
La nouvelle profession de Conseil juridique était appelée à servir le client du Cabinet comptable dans les disciplines du droit fiscal, du droit du travail et du droit des sociétés.
Si les Conseils juridiques en droit fiscal et en droit du travail ont, depuis, su tirer leur épingle du jeu en mariant simultanément le conseil juridique et le service judiciaire ou contentieux direct au justiciable, les Conseils juridiques en droit des sociétés devenus des Juristes en droit des affaires, étendant cependant leur champ d'intervention à la rédaction des conventions et contrats pour les clients des cabinets comptables, n'ont pas évolué.
Une dépendance historique persistante a concerné les professionnels de cette spécialité les amenant à se désintéresser du service judiciaire.
De fait, cette spécialité s'est trouvée sous-représentée au niveau judiciaire laissant ainsi la place à des Confrères non spécialisés pour traiter du contentieux du droit des affaires.
Il apparaît désormais nécessaire de réveiller les nouvelles générations formées à la discipline du droit des affaires afin que celles-ci prennent leur place dans le judiciaire du contentieux du droit des affaires.
En effet, une compréhension renforcée des principes de la spécialité présente un intérêt majeur. Celui de mieux porter les fondements des intérêts du client pour mieux les faire comprendre par le Juge, régulateur de la vie sociale.
L'Avocat en droit des affaires ne doit pas être un simple Juriste rédacteur de conventions dictées par des non Juristes mais doit être celui qui rencontre le Juge pour lui expliquer le dossier.
Car l'Avocat en droit des affaires est, comme ses Confrères exerçant dans les autres spécialités, un professionnel appelé, dans sa spécialité, à pouvoir intervenir dans le service judiciaire.
Ce qui doit se dessiner à l'horizon de cette discipline est l'émergence et la reconnaissance de l'Avocat en contentieux du droit des affaires.
Ainsi, pour celui-ci, le serment d'Avocat prononcé au regard, entre autres, de la réalité de son indépendance, prendra tout son sens.

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