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Réussir un ​audit d'acquisition

Un audit d’acquisition (due diligence) est l’examen approfondi d’une société cible avant son rachat. Bien mené, il évite les mauvaises surprises post-closing et aligne le deal sur des bases factuelles.

Audit d’acquisition : sécuriser une reprise d’entreprise de A à Z

Un audit d’acquisition (due diligence) est l’examen approfondi d’une société cible avant son rachat. Son objectif est double : vérifier la réalité économique, juridique et fiscale de l’entreprise, et transformer ces constats en décisions concrètes sur le prix, les garanties et les conditions du contrat d’acquisition. Bien mené, il évite les mauvaises surprises post-closing et aligne le deal sur des bases factuelles.

Quand réaliser l’audit d’acquisition

L’audit intervient après la signature d’une lettre d’intention (LOI) comprenant en général un périmètre, un prix indicatif et une clause d’exclusivité, et avant la signature du contrat d’acquisition définitif et le closing. Ce séquencement permet d’accéder à la data room, de conduire les analyses et de renégocier, si besoin, le prix et les garanties.

Chronologie type (indicative, 6 à 12 semaines)

  1. LOI signée, exclusivité, NDA.
  2. Ouverture de la data room, plan d’audit, kick-off.
  3. Analyses et Q&A avec le management.
  4. Points d’étape, “issues list”, red flags.
  5. Rapport final et recommandations.
  6. Ajustements de prix et négociation des garanties.
  7. Conditions suspensives levées, signature et closing.

Périmètre : ce que l’on vérifie réellement

Financier & comptable (Quality of Earnings)

  • Fiabilité des comptes, retraitements pour obtenir un EBITDA “normalisé”.
  • Analyse du chiffre d’affaires (récurrence, concentration clients), marges, saisonnalité.
  • Endettement net, trésorerie, hors bilan, covenants.
  • Besoin en fonds de roulement et définition d’un “working capital peg” pour l’ajustement de prix au closing.

Juridique

  • Cap table, droits préférentiels, pactes d’associés.
  • Contrats clients/fournisseurs clés, clauses de changement de contrôle, exclusivité, pénalités.
  • Propriété intellectuelle, marques, logiciels, cessions de droits.
  • Immobilier (titres de propriété, baux commerciaux), assurances, conformité réglementaire, contentieux.

Fiscal

  • Déclarations et paiements, contrôles en cours, risques latents.
  • Régimes spéciaux, intégration fiscale, prix de transfert, TVA, retenues à la source.
  • Expositions chiffrées et recommandations d’“escrow” ou de garanties.

Social & RH

  • Effectifs, contrats de travail, rémunérations variables, avantages.
  • Représentation du personnel, accords collectifs, contentieux prud’homaux.
  • Risques de requalification, statut des dirigeants.

Opérationnel, IT & data

  • Processus clés, dépendances critiques, continuité d’activité.
  • Systèmes d’information, licences, cyberrisques, RGPD.
  • Supply chain, qualité, certifications, KPI opérationnels.

ESG & conformité

  • Environnement, santé-sécurité, éthique, anticorruption, sanctions.
  • Risques d’image et de non-conformité pouvant affecter la valeur.

Méthode et livrables attendus

  • Plan d’audit avec périmètre, priorités et jalons.
  • Q&A structuré avec le management et demandes de documents complémentaires.
  • Issues list et risk matrix (rouge/ambre/vert) pour hiérarchiser l’impact et l’urgence.
  • Rapport de due diligence synthétisant constats, chiffrages, clauses à prévoir et décisions proposées.
  • Recommandations de structuration (ajustement de prix, earn-out, garanties, escrow, conditions suspensives).

Comment l’audit influence le prix et le contrat

Ajustements de prix

  • Quality of Earnings : retraitements qui corrigent l’EBITDA et justifient une révision du prix.
  • Working capital : si le BFR au closing est inférieur au niveau cible, le prix est ajusté à la baisse, et inversement.
  • Dette nette : toute variation par rapport à la cible entraîne un ajustement euro pour euro.

Garanties et sécurisation

  • Garantie d’actif et de passif (GAP) pour couvrir des risques découverts.
  • Escrow/holdback d’une partie du prix sur 12 à 24 mois.
  • Conditions suspensives (autorisations, levée de sûretés, absence d’événements matériels défavorables).
  • Earn-out si une partie du prix est conditionnée à la performance future, utile quand la visibilité est partielle.

Exemples concrets

Exemple 1 — Risque fiscal latent
L’audit identifie 150 000 € d’exposition TVA. Solution : mise en place d’un escrow de 150 000 € pendant 18 mois et clause spécifique dans la GAP. Le prix facial est maintenu, mais sécurisé.

Exemple 2 — BFR sous-estimé
Le besoin en fonds de roulement “normalisé” ressort 400 000 € plus élevé qu’annoncé, du fait d’une saisonnalité mal intégrée. Le prix d’acquisition est réduit de 400 000 € via l’ajustement au closing.

Exemple 3 — Contrats avec clause de changement de contrôle
Trois clients clés peuvent résilier en cas de rachat. Conditions suspensives ajoutées : lettres de consentement avant closing. À défaut, mise en place d’un earn-out pour partager le risque de churn.

Erreurs fréquentes à éviter

  • Démarrer l’audit sans LOI claire ni exclusivité, ce qui dilue l’effort et retarde le calendrier.
  • Se limiter au financier sans creuser juridique, fiscal, social et IT, alors que le risque est souvent contractuel ou opérationnel.
  • Négliger le working capital peg et l’ajustement de dette nette, sources majeures de frottement au closing.
  • Oublier de traduire les constats en clauses concrètes du SPA (GAP, escrow, conditions suspensives).
  • Rédiger un rapport “constatif” sans prioriser ni chiffrer l’impact sur le deal.

Check-list express pour un audit efficace

  • LOI, exclusivité, NDA et calendrier validés.
  • Data room complète, indexée, avec historiques fiables.
  • Périmètre et livrables alignés entre acheteur, conseils financiers et avocats.
  • Analyse QoE, EBITDA normalisé, dette nette, BFR cible.
  • Revue des contrats clés et clauses “changement de contrôle”.
  • Revue fiscale complète, chiffrage des expositions et recommandations d’escrow.
  • Cartographie RH, variables, contentieux, accords collectifs.
  • IT, cyber, RGPD et licences logicielles vérifiés.
  • Issues list et risk matrix partagées à mi-parcours.
  • Recommandations chiffrées : ajustements de prix, GAP, earn-out, conditions suspensives.

FAQ — Questions liées

Quelles sont les étapes clés pour réaliser un audit d’acquisition efficace ?

Préparation et planification, collecte d’informations en data room, analyses financière/juridique/fiscale/sociale/opérationnelle, Q&A, rapport d’audit, puis traduction en ajustements de prix et garanties.

À quel moment précis du processus faut-il réaliser un audit d’acquisition ?

Après la LOI et avant la signature définitive, pendant la période d’exclusivité, afin d’accéder aux informations confidentielles et de renégocier si nécessaire.

Comment la due diligence peut-elle influencer la négociation du prix d’achat ?

Par les retraitements QoE, l’ajustement de dette nette et de BFR, et la mise en place d’earn-out. Elle justifie objectivement une révision du prix et des garanties.

Quels risques majeurs l’audit d’acquisition permet-il d’identifier ?

Financiers (qualité des résultats, dette, BFR), juridiques (contrats, contentieux), fiscaux (expositions et contrôles), sociaux (passifs, contentieux), opérationnels et IT (cyber, RGPD), ainsi que des risques stratégiques ou ESG.

En quoi un audit d’acquisition contribue-t-il à sécuriser la transaction ?

Il fiabilise l’information, quantifie les risques, et convertit ces constats en mécanismes contractuels concrets : ajustements, GAP, escrow, conditions suspensives, earn-out.

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