Dans un groupe de sociétés, il est courant de vouloir faire évoluer un salarié d’une entité à une autre. Ce changement peut répondre à un besoin d’organisation interne, de montée en compétence, ou simplement à un recentrage des activités. On parle alors de transfert intragroupe.
Mais ce transfert n’est pas neutre juridiquement : dès lors que le salarié change d’employeur (et donc de personne morale), il s’agit d’une rupture du contrat initial suivie de la conclusion d’un nouveau contrat. Ce mécanisme est encadré par le droit du travail.
💡 Exemple : une société mère souhaite que son directeur financier passe sous contrat avec une de ses filiales opérationnelles pour piloter la restructuration d’un pôle d’activité. Ce changement ne peut pas être imposé, même s’il reste dans le même groupe.
Il est essentiel de ne pas confondre :
Même si les deux entités font partie du même groupe, ce changement ne peut être décidé unilatéralement. Le salarié garde son plein pouvoir de décision.
Contrairement à ce que certains dirigeants imaginent, il n’existe pas de droit général au transfert automatique d’un salarié d’une société à une autre, même au sein d’un groupe intégré.
Seul l’article L.1224-1 du Code du travail prévoit un transfert automatique en cas de :
En dehors de ces cas, le transfert nécessite obligatoirement l’accord du salarié et la signature d’une convention tripartite.
📌 Aucun contrat de travail, même avec une clause de mobilité, ne peut imposer un changement d’employeur.
Ce dispositif s’applique lorsque :
Ce cas vise surtout les opérations de cession d’activité, fusion, scission ou externalisation.
🧠 Exemple : si la société A cède son service informatique à la société B, l’équipe concernée est transférée de plein droit à B, avec maintien de leurs contrats.
En dehors des situations prévues par L.1224-1, aucun transfert ne peut avoir lieu sans accord exprès du salarié. Il faut alors établir une convention tripartite, signée par :
Cette convention formalise la rupture du contrat avec la société d’origine, et l’entrée en fonction au sein de la nouvelle société.
La convention tripartite permet de sécuriser la continuité de la relation de travail, en précisant notamment :
Elle protège à la fois l’employeur d’origine, l’entreprise d’accueil, et le salarié.
✅ Sans cette convention, le risque est réel : la rupture peut être requalifiée en licenciement sans cause réelle et sérieuse voire en licenciement nul (notamment en cas de protection ou d’arrêt maladie).
C’est la condition sine qua non. Contrairement à une simple mutation interne, le transfert implique un changement d’employeur, donc une rupture du contrat initial. À ce titre, il ne peut en aucun cas être imposé par l’entreprise, même si les deux sociétés appartiennent au même groupe.
📌 Il n’existe aucun fondement juridique permettant d’imposer un transfert inter-sociétés. Le salarié peut légitimement refuser, et aucun licenciement ne peut être prononcé pour ce seul motif.
Cette convention est le document central de l’opération. Elle doit être formalisée par écrit et signée par les trois parties :
Elle doit notamment organiser :
🧠 Un modèle type ne suffit pas : la convention doit être personnalisée à la situation du salarié et aux pratiques du groupe.
Le salarié ne doit pas repartir de zéro dans sa nouvelle entité. Il est donc crucial de prévoir explicitement dans la convention :
💬 Si rien n’est précisé, ces droits peuvent être perdus ou contestés : un flou qui peut coûter cher en cas de contentieux.
La rupture du contrat initial peut prendre plusieurs formes, mais elle doit impérativement être valide au regard du Code du travail :
⚠️ En revanche, une rupture amiable informelle ou mal documentée peut être requalifiée en licenciement abusif, voire nul si le salarié est protégé (ex. : représentant du personnel) ou en arrêt maladie.
Pour éviter tout risque de requalification ou de contentieux, la convention doit reprendre toutes les informations essentielles :
📌 Ces mentions doivent être précises : “passage à une autre filiale du groupe” ne suffit pas juridiquement.
Un bon transfert n’est pas une rupture déguisée : il doit garantir une continuité dans les droits du salarié. La convention doit donc prévoir :
💬 Exemple : si le salarié avait acquis 18 jours de congés au moment du transfert, la société d’accueil doit les lui conserver.
Selon les cas, certaines clauses permettent de mieux structurer la mobilité :
Ces éléments doivent être rédigés avec prudence pour éviter les nullités et protéger les intérêts du groupe.
Le transfert peut aussi avoir un impact économique, notamment en matière de :
🧠 Il est utile de coordonner avec l’expert-comptable ou le DAF du groupe, pour anticiper les effets financiers du transfert.
Un transfert mal formalisé, ou opéré sans convention tripartite, expose l’entreprise à une requalification de la rupture du contrat initial en licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Cela ouvre droit à :
💬 Un simple mail actant un “accord de principe” ne suffit pas. L’absence de trace écrite engage lourdement l’employeur.
Dans certaines situations spécifiques, le risque est encore plus élevé : la rupture peut être considérée comme nulle.
C’est le cas si le salarié est :
Dans ces cas, la sanction est plus lourde : réintégration possible, paiement des salaires depuis la rupture, et dommages-intérêts complémentaires.
⚠️ Transférer un salarié protégé sans respecter les règles de consultation et d’autorisation de l’inspection du travail peut constituer une faute grave de l’employeur.
Un transfert mal documenté ou opaque peut attirer l’attention :
Par ailleurs, les risques sont souvent multipliés en cas de restructuration ou de réorganisation d’ampleur (fusion, filialisation, spin-off…).
🧠 Une entreprise peut avoir agi de bonne foi mais voir son transfert annulé pour simple vice de procédure. D’où l’intérêt d’un accompagnement juridique rigoureux.
Oui. Le salarié est libre de refuser. Un transfert implique un changement d’employeur, ce qui ne peut être imposé, même avec une clause de mobilité dans le contrat.
Le refus ne constitue ni une faute, ni un motif de licenciement en soi.
Non. Une clause de mobilité permet de changer de lieu de travail, pas d’employeur. Elle n’autorise en aucun cas à imposer un changement de société, même au sein du groupe.
Le transfert reste soumis à l’accord exprès du salarié.
Une “rupture à l’amiable” qui ne respecte pas le cadre de la rupture conventionnelle ou de la convention tripartite peut être :
Sans convention claire, l’entreprise prend un risque contentieux élevé.
Il faut intégrer explicitement dans la convention tripartite :
📌 Ce sont ces mentions qui permettent de démontrer qu’il ne s’agit pas d’un nouveau contrat indépendant, mais bien d’une continuité encadrée.
Un salarié protégé ne peut être transféré sans :
À défaut, la rupture est automatiquement nulle, avec obligation de réintégration et paiement rétroactif des salaires.
Non, sauf cas de transfert automatique (L.1224-1 du Code du travail).
Dans tous les autres cas, l’absence de convention rend le transfert juridiquement risqué : aucune garantie sur les droits du salarié, sur la validité de la rupture, ni sur la sécurité des deux sociétés concernées.
Ce type de transfert soulève des enjeux complexes, à la croisée du droit du travail, du droit des sociétés et parfois du droit fiscal. Un avocat vous permet de :
Le transfert d’un ou plusieurs salariés peut :
Un accompagnement juridique permet de garder la maîtrise du dialogue social tout au long du processus.
Les conséquences du transfert ne sont pas uniquement juridiques : elles touchent aussi à la gestion de la masse salariale, aux charges sociales, voire à des aspects de comptabilité analytique ou de transparence en cas d’audit.
Un avocat expérimenté peut vous aider à :
🧠 Exemple : un groupe industriel structuré en trois sociétés a souhaité transférer deux responsables techniques vers une filiale récemment créée pour piloter une nouvelle activité.
L’intervention de Me Bernard Lagrange a permis de :
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