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​Une holding peut elle acheter une voiture

Acheter un véhicule via sa société peut être parfaitement légal… ou totalement répréhensible, selon la façon dont l’opération est justifiée et documentée.

Peut-on acheter une voiture avec une holding ?

L’idée d’acheter une voiture via sa holding séduit de nombreux dirigeants. C’est une question fréquente — parfois posée en fin de réunion, sur un ton mi-sérieux mi-curieux. Elle révèle un point de friction habituel : la frontière entre l’usage professionnel et personnel.

Juridiquement, rien ne l’interdit. Mais fiscalement, tout dépend de l’utilité réelle du véhicule dans l’activité de la holding. Et c’est là que les choses se compliquent.

Acheter un véhicule via sa société peut être parfaitement légal… ou totalement répréhensible, selon la façon dont l’opération est justifiée et documentée.

Dans quels cas une holding peut-elle acheter un véhicule ?

Achat possible… mais pas automatique

Une holding, comme toute société, peut acquérir des biens nécessaires à son activité. L’achat d’un véhicule est donc autorisable si, et seulement si, ce bien est affecté à un usage professionnel réel.

Mais attention : le simple fait que le dirigeant ait des rendez-vous ou des déplacements occasionnels ne suffit pas à justifier l’acquisition.

Il faut démontrer que la voiture :

  • sert exclusivement ou majoritairement à l’activité de la holding,
  • est cohérente avec son objet social (gestion, animation, prestations de conseil ou de direction),
  • n’est pas principalement utilisée à des fins personnelles ou familiales.

Sinon, on risque une requalification, un redressement fiscal, voire une remise en cause de la déductibilité des charges engagées.

Exemples concrets d’usage professionnel justifié

✅ Un dirigeant se rend régulièrement dans les filiales réparties sur plusieurs régions.

✅ La holding assure des prestations de direction externalisée auprès de sociétés tierces.

✅ Le président anime les conseils d’administration de plusieurs entités, et ses déplacements sont fréquents, documentés et indispensables.

En revanche, si la voiture dort dans le garage du domicile et ne roule que ponctuellement… l’usage professionnel devient difficile à prouver. Et le risque fiscal s’alourdit.

Les conditions pour que l’achat soit fiscalement admis

Justification d’une utilité professionnelle réelle

L’administration fiscale ne s’oppose pas à ce qu’une holding achète une voiture, mais elle attend une chose : que cet achat réponde à une finalité professionnelle démontrable.

Cela implique :

  • Une traçabilité claire des déplacements (carnet de bord, notes de frais, agenda partagé…),
  • Une absence d’usage personnel prépondérant,
  • Un lien direct avec l’activité réelle de la holding (prestations, animation, gestion de participations…).

💡 Un simple « j’en ai besoin pour aller aux réunions » ne suffit pas en cas de contrôle. Il faut pouvoir montrer que ces réunions existent, sont fréquentes, et que leur tenue impose effectivement un véhicule.

Risques d’abus en cas d’usage personnel

Si la voiture est utilisée à des fins privées sans être déclarée comme avantage en nature, l’administration pourra :

  • Requalifier l’achat en avantage personnel déguisé,
  • Redresser l’impôt sur les sociétés et la TVA,
  • Appliquer des majorations et pénalités,
  • Évoquer l’abus de biens sociaux si l’utilisation personnelle est manifeste.

Dans certains cas, cela peut même ouvrir la voie à des sanctions pénales si l’usage abusif est avéré et dissimulé.

En clair, acheter un véhicule avec la holding n’est pas anodin. C’est une opération qui doit être préparée, justifiée, et suivie.

Conséquences fiscales de l’achat du véhicule

Amortissement du véhicule

Une fois le véhicule acquis, il doit être inscrit à l’actif du bilan de la holding.

L’amortissement permet d’étaler son coût comptablement sur plusieurs exercices (généralement sur 4 à 5 ans pour une voiture).

👉 Exemple :
Une voiture achetée 40 000 € pourra faire l’objet d’un amortissement linéaire de 8 000 € par an. Mais attention : pour les véhicules de tourisme, une limite d’amortissement fiscal s’applique (entre 9 900 € et 30 000 € selon les émissions de CO₂).

TVA sur l’achat : attention aux types de véhicules

La TVA est non récupérable sur un véhicule de tourisme, même s’il est utilisé à 100 % pour l’activité.

En revanche, elle est récupérable sur :

  • les véhicules utilitaires,
  • les camionnettes,
  • ou les voitures utilisées pour le transport de marchandises ou de personnes à titre onéreux (ex : VTC).
👉 Exemple :
Un Renault Kangoo utilitaire acheté 24 000 € HT peut permettre une récupération de 20 % de TVA (soit 4 800 €), alors qu’un SUV premium utilisé pour des déplacements de direction ne le permettra pas.

Déductibilité des charges

Les frais liés à l’usage du véhicule (carburant, assurance, entretien, réparations…) sont déductibles :

  • s’ils sont liés à un usage professionnel réel,
  • et si leur montant est justifié.

Deux méthodes coexistent :

  • Frais réels : remboursement sur justificatifs, plus précis mais plus complexe.
  • Forfait kilométrique : réservé aux véhicules personnels utilisés à titre pro (souvent hors sujet ici).

Enfin, si le véhicule est mis à disposition du dirigeant avec possibilité d’usage privé, un avantage en nature doit être évalué et intégré dans son revenu imposable.

Quel type de véhicule peut être acheté par une holding ?

Véhicules de tourisme : possible mais encadré

Ce sont les plus courants — berlines, SUV, véhicules de direction. Ils peuvent être achetés par une holding, mais sous réserve :

  • d’une utilité professionnelle justifiée,
  • d’un usage principalement professionnel, et non personnel,
  • d’une non-récupération de la TVA (en règle générale),
  • et d’une limitation de l’amortissement fiscal selon le taux d’émission de CO₂.

💡 Plus la voiture est puissante, plus le risque de requalification augmente si elle ne correspond pas à un usage professionnel clairement documenté.

Véhicules utilitaires : fiscalement plus favorables

Camionnettes, fourgonnettes ou véhicules classés N1 (transport de marchandises) offrent plusieurs avantages :

  • TVA récupérable sur l’achat, l’entretien et le carburant,
  • Amortissement intégralement déductible,
  • Moins de suspicions d’usage personnel détourné.

👉 Ce type de véhicule est donc préféré par les holdings actives dans des secteurs logistiques, techniques ou ayant une équipe sur le terrain.

Cas spécifiques

  • Véhicule électrique : fiscalement avantagé (bonus, exonération de TVS, amortissement plus souple, etc.)
  • Véhicule partagé entre plusieurs structures du groupe : nécessite une convention de mise à disposition claire (et attention à la quote-part des frais).
  • Véhicule de luxe ou haut de gamme : toujours très sensible. Il faudra justifier précisément son usage et son intérêt professionnel. La logique “image de marque” est rarement suffisante.

En résumé : une opération possible mais à manier avec prudence

L’achat d’un véhicule par une holding n’est pas interdit, mais il doit :

  • répondre à un besoin professionnel réel,
  • être justifié en cas de contrôle,
  • respecter les règles fiscales applicables (TVA, amortissement, avantage en nature),
  • et surtout, être cohérent avec l’activité de la holding.

Le risque n’est pas tant l’interdiction que la requalification a posteriori : si l’administration considère qu’il s’agit d’un usage personnel dissimulé, les conséquences peuvent être lourdes (fiscales, voire pénales dans certains cas extrêmes).

Vous envisagez l’achat d’un véhicule via votre holding ?

Avant de signer le bon de commande, prenez le temps d’être bien conseillé.
Une structuration propre et documentée vous permettra de profiter des leviers fiscaux disponibles tout en restant dans les clous.

👉 Pour échanger de manière confidentielle sur votre situation :
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