L’idée d’acheter une voiture via sa holding séduit de nombreux dirigeants. C’est une question fréquente — parfois posée en fin de réunion, sur un ton mi-sérieux mi-curieux. Elle révèle un point de friction habituel : la frontière entre l’usage professionnel et personnel.
Juridiquement, rien ne l’interdit. Mais fiscalement, tout dépend de l’utilité réelle du véhicule dans l’activité de la holding. Et c’est là que les choses se compliquent.
Acheter un véhicule via sa société peut être parfaitement légal… ou totalement répréhensible, selon la façon dont l’opération est justifiée et documentée.
Une holding, comme toute société, peut acquérir des biens nécessaires à son activité. L’achat d’un véhicule est donc autorisable si, et seulement si, ce bien est affecté à un usage professionnel réel.
Mais attention : le simple fait que le dirigeant ait des rendez-vous ou des déplacements occasionnels ne suffit pas à justifier l’acquisition.
Il faut démontrer que la voiture :
Sinon, on risque une requalification, un redressement fiscal, voire une remise en cause de la déductibilité des charges engagées.
✅ Un dirigeant se rend régulièrement dans les filiales réparties sur plusieurs régions.
✅ La holding assure des prestations de direction externalisée auprès de sociétés tierces.
✅ Le président anime les conseils d’administration de plusieurs entités, et ses déplacements sont fréquents, documentés et indispensables.
En revanche, si la voiture dort dans le garage du domicile et ne roule que ponctuellement… l’usage professionnel devient difficile à prouver. Et le risque fiscal s’alourdit.
L’administration fiscale ne s’oppose pas à ce qu’une holding achète une voiture, mais elle attend une chose : que cet achat réponde à une finalité professionnelle démontrable.
Cela implique :
💡 Un simple « j’en ai besoin pour aller aux réunions » ne suffit pas en cas de contrôle. Il faut pouvoir montrer que ces réunions existent, sont fréquentes, et que leur tenue impose effectivement un véhicule.
Si la voiture est utilisée à des fins privées sans être déclarée comme avantage en nature, l’administration pourra :
Dans certains cas, cela peut même ouvrir la voie à des sanctions pénales si l’usage abusif est avéré et dissimulé.
En clair, acheter un véhicule avec la holding n’est pas anodin. C’est une opération qui doit être préparée, justifiée, et suivie.
Une fois le véhicule acquis, il doit être inscrit à l’actif du bilan de la holding.
L’amortissement permet d’étaler son coût comptablement sur plusieurs exercices (généralement sur 4 à 5 ans pour une voiture).
👉 Exemple :
Une voiture achetée 40 000 € pourra faire l’objet d’un amortissement linéaire de 8 000 € par an. Mais attention : pour les véhicules de tourisme, une limite d’amortissement fiscal s’applique (entre 9 900 € et 30 000 € selon les émissions de CO₂).
La TVA est non récupérable sur un véhicule de tourisme, même s’il est utilisé à 100 % pour l’activité.
En revanche, elle est récupérable sur :
👉 Exemple :
Un Renault Kangoo utilitaire acheté 24 000 € HT peut permettre une récupération de 20 % de TVA (soit 4 800 €), alors qu’un SUV premium utilisé pour des déplacements de direction ne le permettra pas.
Les frais liés à l’usage du véhicule (carburant, assurance, entretien, réparations…) sont déductibles :
Deux méthodes coexistent :
Enfin, si le véhicule est mis à disposition du dirigeant avec possibilité d’usage privé, un avantage en nature doit être évalué et intégré dans son revenu imposable.
Ce sont les plus courants — berlines, SUV, véhicules de direction. Ils peuvent être achetés par une holding, mais sous réserve :
💡 Plus la voiture est puissante, plus le risque de requalification augmente si elle ne correspond pas à un usage professionnel clairement documenté.
Camionnettes, fourgonnettes ou véhicules classés N1 (transport de marchandises) offrent plusieurs avantages :
👉 Ce type de véhicule est donc préféré par les holdings actives dans des secteurs logistiques, techniques ou ayant une équipe sur le terrain.
L’achat d’un véhicule par une holding n’est pas interdit, mais il doit :
Le risque n’est pas tant l’interdiction que la requalification a posteriori : si l’administration considère qu’il s’agit d’un usage personnel dissimulé, les conséquences peuvent être lourdes (fiscales, voire pénales dans certains cas extrêmes).
Avant de signer le bon de commande, prenez le temps d’être bien conseillé.
Une structuration propre et documentée vous permettra de profiter des leviers fiscaux disponibles tout en restant dans les clous.
👉 Pour échanger de manière confidentielle sur votre situation :
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