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Demande de renouvellement de bail commercial

Le renouvellement du bail commercial est une formalité juridique essentielle pour tout commerçant ou artisan. Il permet de conserver l’usage des locaux dans lesquels est exploité le fonds de commerce et d’éviter tout risque de perte d’emplacement, de délocalisation ou de litige avec le bailleur.

Demande de renouvellement de bail commercial : les étapes à suivre pour sécuriser votre exploitation

Pourquoi renouveler son bail commercial est une étape stratégique

Protéger son fonds de commerce et éviter toute insécurité juridique

Le renouvellement du bail commercial est une formalité juridique essentielle pour tout commerçant ou artisan. Il permet de conserver l’usage des locaux dans lesquels est exploité le fonds de commerce et d’éviter tout risque de perte d’emplacement, de délocalisation ou de litige avec le bailleur.

Sans démarche de renouvellement, vous risquez de vous retrouver dans une situation précaire, avec un bail arrivé à échéance et aucune garantie de reconduction. Cela peut compromettre directement l’exploitation et la valorisation de votre activité.

Préserver la valeur locative et anticiper un éventuel refus du bailleur

Faire une demande de renouvellement permet également d’anticiper une renégociation du loyer, d’organiser votre stratégie commerciale à moyen terme et surtout, de provoquer une réponse claire du bailleur.

En effet, le bailleur dispose d’un délai de 3 mois pour accepter ou refuser le renouvellement. En l’absence de réponse dans ce délai, le bail est considéré comme renouvelé aux conditions antérieures. Ce mécanisme protège efficacement les droits du locataire.

Sécuriser la poursuite de l’exploitation dans les lieux

La demande de renouvellement est donc bien plus qu’un courrier administratif. Elle joue un rôle central dans la pérennité du fonds de commerce. En cas de cession du fonds, par exemple, la stabilité locative est un critère déterminant pour l’acheteur.

Rappel : sans bail, pas de fonds de commerce juridiquement cessible, sauf à titre précaire. D’où l’intérêt d’agir en temps utile.

Quelles sont les conditions pour demander le renouvellement du bail commercial ?

Être titulaire du fonds de commerce exploité dans les lieux

Le droit au renouvellement appartient exclusivement au locataire exploitant le fonds de commerce dans les locaux. Il doit être propriétaire du fonds, et non simple sous-locataire ou gestionnaire de fait.

📌 Le nom figurant sur le bail et celui figurant au registre du commerce doivent coïncider.

Avoir exercé de manière effective dans les 3 dernières années

Le locataire doit avoir exploité le fonds de manière continue et effective dans les locaux au cours des trois années précédant la demande. Une exploitation symbolique ou irrégulière pourrait entraîner un refus légitime.

Exemple : une boutique restée fermée plusieurs mois sans justification pourrait perdre son droit au renouvellement.

Être immatriculé au RCS ou au RNE à la date de la demande

La condition d’immatriculation est également impérative :

  • au registre du commerce et des sociétés (RCS) pour les commerçants,
  • au registre national des entreprises (RNE) pour les artisans.

Cette immatriculation doit être en vigueur au moment de la demande, pas seulement dans le passé.

Quand et comment faire la demande de renouvellement ?

Délai légal : dans les 6 mois avant la fin du bail

Le locataire peut formuler sa demande de renouvellement dans les six mois qui précèdent la date d’expiration du bail.

📌 Exemple : si votre bail se termine le 30 juin, vous pouvez envoyer votre demande à partir du 1er janvier.

Ce délai permet au bailleur de se positionner, et au locataire de ne pas se retrouver en fin de bail sans garantie. C’est une précaution juridique essentielle.

En cas de prolongation tacite du bail : est-il encore temps ?

Oui. Si aucun congé n’a été délivré et que le bail se poursuit par tacite prolongation, vous pouvez toujours adresser une demande de renouvellement.

Ce droit reste valable tant qu’aucune procédure de congé n’a été engagée. Mais attention : plus vous attendez, plus vous êtes exposé à une incertitude juridique, notamment en cas de revente du fonds ou de remise en cause par le bailleur.

Modalités de forme : lettre recommandée ou acte d’huissier ?

La demande doit être formalisée par écrit, selon l’une de ces deux formes légales :

  • Lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR),
  • Acte de commissaire de justice (anciennement huissier).

💬 Le recours à un acte d’huissier est plus coûteux, mais offre une sécurité juridique maximale, notamment en cas de contentieux futur.

Contenu obligatoire : la mention légale prévue par le Code de commerce

La demande doit impérativement reprendre le texte prévu à l’article L.145-10 du Code de commerce, qui informe le bailleur de ses obligations.

Voici la formulation légale à insérer :

« Dans les 3 mois de la notification de la demande en renouvellement, le bailleur doit, par acte d’huissier, faire connaître au demandeur s’il refuse le renouvellement en précisant les motifs de ce refus. À défaut d’avoir fait connaître ses intentions dans ce délai, le bailleur est réputé avoir accepté le principe du renouvellement du bail précédent. »

⚠️ Omettre cette mention peut rendre la demande invalide. Elle doit figurer intégralement dans la lettre.

Exemple de lettre de demande de renouvellement : que faut-il écrire ?

Clauses indispensables à faire figurer dans votre courrier

Votre demande de renouvellement doit contenir plusieurs éléments précis, sous peine d’être inopposable :

  • Objet clair : indiquer qu’il s’agit d’une demande de renouvellement de bail commercial.
  • Rappel du bail concerné : date de signature, adresse des locaux, nom du bailleur.
  • Identité du locataire : dénomination, SIREN, RCS ou RNE, coordonnées complètes.
  • Référence légale : mention expresse de l’article L.145-10 du Code de commerce (voir ci-dessous).
  • Signature du représentant légal (ou de la personne habilitée).

🎯 Le fond prime sur la forme, mais l’omission d’un élément essentiel peut faire perdre le droit au renouvellement.

Peut-on formuler une proposition de loyer ?

Oui, mais ce n’est pas obligatoire. Le locataire peut :

  • solliciter un renouvellement à l’identique,
  • ou proposer une révision du loyer (en justifiant par exemple une évolution du marché ou une baisse d’activité).

Attention : proposer un nouveau loyer ne lie pas le bailleur, qui peut refuser ou faire une contre-proposition.

💡 Conseil : dans le doute, mieux vaut séparer la demande de renouvellement et la négociation du loyer.

À qui adresser la demande pour qu’elle soit valable ?

La demande doit être envoyée au bailleur en titre, c’est-à-dire :

  • la personne physique ou morale propriétaire des locaux,
  • ou son mandataire habilité (gestionnaire immobilier, notaire, avocat).

Vérifiez bien l’identité du bailleur dans votre contrat ou via le cadastre si nécessaire.
⚠️ Une erreur de destinataire peut rendre la demande inopérante.

Modèle de lettre commenté (à adapter, pas à copier tel quel)

« Locataire des locaux situés au [adresse], loués en vertu d’un bail commercial conclu le [date], je vous informe par la présente de ma volonté de renouveler ce bail conformément à l’article L.145-10 du Code de commerce. »

« Je vous rappelle que, dans les 3 mois de la notification de la demande en renouvellement, le bailleur doit, par acte d’huissier, faire connaître au demandeur s’il refuse le renouvellement en précisant les motifs de ce refus. À défaut, le renouvellement est réputé accepté. »

« Je reste à votre disposition pour toute discussion relative aux conditions de ce renouvellement. »

Ce modèle permet de cocher toutes les cases légales tout en laissant une porte ouverte à la négociation.

Que se passe-t-il après l’envoi de la demande ?

Le délai de 3 mois pour la réponse du bailleur

Une fois la demande reçue, le bailleur dispose d’un délai strict de 3 mois pour se positionner.

Il doit répondre par acte d’huissier (commissaire de justice), en :

  • acceptant expressément le renouvellement,
  • ou en le refusant et en motivant juridiquement son refus.

📌 Le silence ou une réponse informelle ne suffisent pas. Seul un acte d’huissier régulier a une valeur légale.

En cas d’absence de réponse : renouvellement réputé accepté

Si le bailleur ne répond pas dans les 3 mois suivant la réception de la demande :

Le renouvellement du bail est considéré comme acquis, dans les mêmes conditions que le bail précédent (durée, destination, etc.), sauf sur le loyer qui peut être renégocié séparément.

Ce mécanisme automatique protège le locataire contre l’inaction ou les manœuvres dilatoires.

En cas de refus : quels sont les motifs légaux recevables ?

Le bailleur peut refuser le renouvellement, mais il doit justifier d’un motif prévu par la loi, par exemple :

  • motif grave et légitime contre le locataire (impayés, manquements répétés),
  • reprise pour habiter (cas limités),
  • reconstruction ou transformation de l’immeuble rendant impossible le maintien en l’état,
  • ou intention de vendre libre de toute occupation.

Il doit alors, sauf exception, verser une indemnité d’éviction équivalente à la valeur du fonds de commerce.

Peut-on contester un refus de renouvellement ?

Oui. Le locataire peut saisir le tribunal judiciaire, notamment si :

  • le refus n’est pas suffisamment motivé,
  • l’indemnité d’éviction proposée est insuffisante ou absente,
  • il existe un litige sur l’existence du droit au renouvellement.

🧠 L’assistance d’un avocat est alors fortement recommandée pour défendre vos droits et évaluer la stratégie à adopter.

Points d’attention à ne pas négliger

Risques en cas d’envoi hors délai ou de contenu incomplet

Un envoi hors délai (au-delà des 6 mois avant l’échéance) peut priver le locataire de son droit au renouvellement à la date souhaitée.

Un courrier incomplet (sans mention légale obligatoire ou sans identification claire du bail) peut être jugé nul, voire inopposable au bailleur.

⚠️ Un simple oubli peut faire perdre des droits précieux : la forme est aussi importante que le fond.

Conséquences d’un bail prolongé tacitement sans demande formelle

À défaut de congé ou de demande de renouvellement, le bail se prolonge tacitement aux mêmes conditions. Cela peut sembler confortable, mais c’est trompeur.

En pratique :

  • le locataire peut être évincé à tout moment par un congé du bailleur,
  • aucune garantie de renouvellement ne s’applique automatiquement,
  • la sécurité juridique du fonds de commerce est fragilisée.

🔍 Un bail en tacite prolongation n’est pas un nouveau bail : c’est une situation transitoire et risquée.

Intérêt d’anticiper une négociation du loyer lors du renouvellement

Même si le locataire ne propose pas de nouveau loyer, le bailleur peut :

  • accepter le renouvellement mais contester le loyer,
  • saisir la commission départementale de conciliation, voire le juge, pour fixer le loyer.

D’où l’intérêt de préparer un dossier locatif solide :

  • étude de marché local,
  • évolution du chiffre d’affaires,
  • éléments de valorisation du fonds.
💡 Mieux vaut aborder la question du loyer avec des arguments, plutôt que de subir une révision à la hausse sans préparation.

Questions fréquentes sur le renouvellement d’un bail commercial

Comment prouver que j’ai exploité mon fonds de commerce efficacement avant la demande ?

La preuve se fait via :

  • vos bilans comptables des trois dernières années,
  • les déclarations fiscales,
  • les justificatifs d’activité (factures, relevés de caisse, etc.).

L’idée est de démontrer une exploitation continue et réelle, sans interruption non justifiée.

Que faire si le bailleur refuse mon renouvellement dans les 3 mois ?

Il faut analyser le motif du refus :

  • S’il est légalement fondé (reprise, motif grave), vous pouvez éventuellement négocier une indemnité d’éviction.
  • S’il est discutable ou insuffisamment motivé, vous pouvez saisir le juge pour contester la validité du refus.

Un accompagnement juridique est souvent indispensable à ce stade.

Quels risques je prends si je ne demande pas le renouvellement à temps ?

Vous restez dans les lieux… mais sans aucune garantie. Le bail se poursuit par tacite prolongation, ce qui vous expose à :

  • un congé à tout moment du bailleur (avec préavis de 6 mois),
  • une perte de sécurité en cas de cession du fonds ou de revente de l’immeuble.

Ne pas demander le renouvellement, c’est vivre avec une épée de Damoclès juridique.

Est-ce qu’un propriétaire peut refuser de renouveler un bail commercial ?

Oui, mais uniquement dans certains cas précis, comme :

  • une faute du locataire (impayés, manquements graves),
  • la volonté de reprendre les lieux,
  • la démolition ou transformation de l’immeuble.

Dans la majorité des cas, s’il refuse sans motif valable, il devra verser une indemnité d’éviction.

Comment se renouvelle un bail 3 6 9 concrètement ?

  • Le locataire fait une demande dans les délais légaux,
  • Le bailleur répond sous 3 mois par acte d’huissier,
  • En l’absence de réponse, le bail est renouvelé automatiquement pour une nouvelle période de 9 ans (sauf accord différent).

Le loyer peut être renégocié à cette occasion, soit à l’amiable, soit devant le juge.

En résumé : sécurisez votre activité, formalisez votre demande

Renouveler son bail commercial n’est pas une formalité mineure. C’est une étape clé dans la vie du fonds de commerce, qui garantit la continuité, la valorisation et la sécurité juridique.

🧠 Une demande mal formulée peut compromettre l’exploitation. Une demande bien faite protège vos droits pour 9 ans de plus.

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